A quel âge peut-on céder sur le smartphone ?
Difficile de déterminer l’âge auquel confier un smartphone à son enfant. Si cet outil présente des intérêts, il comporte aussi des risques. Alors sur quoi se baser pour prendre la bonne décision ?
Difficile de déterminer l’âge auquel confier un smartphone à son enfant. Si cet outil présente des intérêts, il comporte aussi des risques. Alors sur quoi se baser pour prendre la bonne décision ?
Les conseils d’Anne Peymirat, coach parentale.
Votre enfant vous réclame un smartphone ? L’idée est tentante. Vous pensez ainsi lui faire gagner en autonomie, le responsabiliser tout en ayant la possibilité de le joindre à tout moment. Mais elle signifie aussi lui mettre un accès Internet entre les mains, lui donner la possibilité de communiquer avec diverses personnes… Mais alors quel est le moment propice pour lui confier un tel appareil ? Dans les faits, selon un sondage YouGov pour Huff Post, mené en juillet 2019, 45 % des parents interrogés ont acheté un smartphone à leur enfant avant ses 18 ans, dont 27 % entre 11 et 15 ans et 4 % entre 5 et 10 ans.
Initier progressivement
La question de l’âge importe dans ce choix. "Avant 3 ans, c’est aucun écran. Entre 3 et 8 ans, on peut prêter de temps en temps une tablette à son enfant en étant à ses côtés, le laisser regarder la télé ou lui montrer un jeu sur son smartphone. Mais pas tous les jours et à la condition que ça n’entrave pas l’activité physique, les temps de jeux ou les devoirs scolaires !" rappelle Anne Peymirat, coach parentale et auteure de "Débranchez vos enfants !".
On éduque l’enfant à l’usage de ces nouvelles technologies, avec parcimonie. L’auteure recommande ainsi de limiter l’usage des écrans, tous confondus, à 30 mn par jour maximum. Après 8 ans, cette durée peut passer à 1 heure par jour, là encore tous écrans confondus. Et toujours à la condition que cela ne se fasse pas au détriment d’autres activités sportives ou scolaires.
La règle des "3-6-9-12"
Un point de vue qui rejoint la règle des "3-6-9-12" instituée par le psychiatre Serge Tisseron. D’après celle-ci, on fixe dès 3 ans des règles claires sur ce temps d’écran. L’usage de ceux-ci est réservé aux lieux de vie communs et interdit pendant le repas et avant de se coucher. Entre 6 et 9 ans, on poursuit le dialogue pour savoir ce que fait et voit l’enfant sur ces écrans. On le sensibilise au droit à l’intimité et au droit à l’image sur Internet. Tous ces préambules sont nécessaires pour pouvoir un jour envisager de lui confier un outil tel qu’un smartphone doté à la fois d’un téléphone, d’un écran et d’une connexion Internet.
Une question de maturité
"Il n’y a pas d’étude qui dise qu’on peut donner un smartphone à partir de tel âge ou tel âge à son enfant. C’est au parent d’évaluer la situation et de prendre le temps de la réflexion. En général, c’est vers la 5ème, la 4ème ou la 3ème que se pose la question. Si l’enfant faire preuve de maturité, ça peut le récompenser", juge Anne Peymirat.
Pour jauger de la maturité de son enfant à posséder un smartphone, on tient compte du fait qu’il arrive déjà ou non à respecter les règles de la maison face aux écrans d’ordinateur ou la télévision. Difficile en effet de lui acheter un smartphone ou lui prêter le sien, s’il n’arrive déjà pas à se restreindre en console de jeux vidéo, par exemple. S’il n’est pas prêt, on lui laisse encore du temps pour apprendre progressivement à respecter les règles. Il faut être assez précis sur ce que l’on attend de lui.
On ne se met pas la pression en pensant qu’il sera le seul à être dépourvu de smartphone. "Beaucoup de jeunes sont sur WhatsApp ou Instagram pour être en lien avec leurs amis mais ce n’est pas la seule façon de sociabiliser. Au collège, les téléphones et smartphone sont en plus interdits", estime l’auteure. Par ailleurs, confier un smartphone à son enfant s’il n’est pas prêt, peut être source de conflits importants ce qui sera nuisible à l’enfant et la relation avec lui.
Dans tous les cas, on discute du moment où il pourra en avoir un ou pas. "L’ambiance à la maison sera mauvaise si l’on ne répond pas clairement à cette question car l’enfant continuera de la poser", prévient Anne Peymirat.
Accompagner cette liberté
On tient donc compte de la maturité de l’enfant et de la volonté parentale de gérer ou non les éventuels conflits qui découleraient de cette décision.
Un premier pas vers le smartphone peut consister à donner d’abord un téléphone mobile basique, sans accès à Internet, ou de prêter à son enfant son téléphone. Si tout va bien, on peut ensuite tenter le smartphone en veillant à ce que les règles soient toujours respectées. "C’est important de fixer des plages horaires d’utilisation et de définir des moments sans smartphone. J’ai pour habitude de dire que « les écrans font écran dans la famille ». Pour moi, c’est là le plus grand risque. On trouve diverses sources d’informations sur le web. Si l’enfant passe beaucoup de temps sur son smartphone, à visionner des vidéos de youtubeurs et délaisse les discussions familiales, il risque d’avoir pour modèle éducatif ces personnes virtuelles", redoute la coach parentale.
On reste donc vigilant et ouvert à la discussion en s’intéressant toujours à ce que fait son enfant sur son smartphone. Il pourra ainsi en faire un usage raisonnable.
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