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Préhistoire : Homo sapiens, l'innovateur


L’« homme moderne » débarque en Europe vers - 40 000. il va y croiser Neandertal et devenir le seul maître des lieux.

Population en Europe: environ 700000 individus vers – 25 000.
Crâne : 1 650 cm3 il y a 40000 ans, contre 1 400 aujourd’hui.
Taille: entre 1,77m et 1,90 m.
Signes particuliers : une tête de forme arrondie avec un vrai front et un menton.

La chrono

– 300000 > La lignée d’Homo sapiens, l’homme moderne, apparaît en Afrique.
– 180000 > Arrivée au Moyen-Orient. Le plus ancien fossile a été retrouvé en Israël.
– 40000 > Arrivée en Europe de l’Ouest.

Les scientifiques les appellent aussi « hommes anatomiquement modernes » : Homo sapiens, c’est-à-dire nous ! A l’échelle de la préhistoire, ils font leur apparition en Europe de l’Ouest sur le tard, vers – 40 000. Ils ont profité d’un réchauffement climatique pour quitter l’Afrique et explorer les terres septentrionales. Aux yeux des Néandertaliens qui les voient débarquer, ce doit être un spectacle étonnant. Ces humains de grande taille et au teint basané, à l’air fragile et au visage fin, font voler en éclats tous les repères de Neandertal. « Mais ce qui doit être très troublant, c’est que les têtes d’adultes sapiens ressemblent à des têtes d’enfants néandertaliens. Le choc a sans doute été considérable », estime la préhistorienne Marylène Patou-Mathis.


A part leurs visages étranges, qu’apportent-ils de nouveau, ces modernes ? 
Au début, pas grand-chose. Vers – 40 000, ils font encore presque tout comme les autochtones européens : un même mode de vie nomade fondé sur la chasse et la cueillette, une même production de parures, et une technique similaire de fabrication d’outils, dite moustérienne, caractérisée par le débitage d’éclats soigneusement préparés. Comme leurs cousins, ils pensent, réfléchissent et enterrent leurs morts. Au fil du temps, à mesure que les Sapiens s’installent, la population de Néandertaliens recule. A partir de – 30 000, il n’en reste presque plus aucun en France. Les derniers disparaissent au fond de l’Espagne, à Gibraltar, en – 24 000 .
Ses armes high-tech en font un champion de la chasse

En quelques milliers d’années, nos ancêtres héritent seuls de toute l’Europe. Ils se montrent soudain plus ingénieux que jamais. Un exemple : contrairement à son cousin Neandertal, l’homme moderne dispose d’une articulation de l’épaule qui l’empêche de tendre son bras loin dans son dos. C’est un fort handicap pour la chasse : il manque de force lorsqu’il tire une lance. Qu’à cela ne tienne, nos ancêtres ont de la ressource. Ils inventent il y a 20000 ans le propulseur: une baguette en bois d’une quarantaine de centimètres pourvue d’une encoche pour y caler une sagaie. Le propulseur agit comme un bras de levier en multipliant par trois la vitesse d’éjection du projectile. Le tir est plus précis et le chasseur, qui reste à distance, prend moins de risques. Ça y est, Homo sapiens est devenu un champion de la R et D!
Notre ancêtre tisse de vastes réseaux sociaux

Mais ce qui fait véritablement la force de nos ancêtres, c’est leur faculté à créer des « fictions », des représentations. A l’époque aurignacienne (du nom de la grotte d’Aurignac, en Haute-Garonne), entre – 40000 et – 30 000, les hommes modernes se mettent à représenter des animaux sur les parois des grottes. L’œuvre la plus célèbre de cette période se situe dans la grotte Chauvet (Ardèche), mais on trouve des représentations similaires en Espagne (grotte d’Altamira), en Roumanie (Coliboaia), etc. Partout, une même obsession pour les bêtes impressionnantes s’empare des artistes: rhinocéros, félins, ours… Le tout dans un style très similaire, reconnaissable à des postures dynamiques et des traits nerveux. Ce courant artistique traduit une pensée commune, une vision partagée sur le monde.


Grâce aux symboles qu’ils fabriquent, les hommes modernes bâtissent des réseaux sociaux : ils créent des liens et réduisent les distances géographiques. Unifiés par des symboles communs, les groupes peuvent s’élargir. En novembre 2017, des chercheurs danois ont réalisé une étude génétique sur quatre hommes enterrés ensemble il y a 34000 ans en Russie. Ils étaient couverts de pigment ocre et d’objets précieux. Résultat: ces individus n’ont aucun lien de parenté entre eux, et pourtant ils partagent la même sépulture. La preuve qu’au-delà des liens de sang, ils sentent qu’ils appartiennent à un même groupe. Ils se considèrent comme les membres d’un tout. L’union fait la force: la machine à conquérir le monde est en place.

Du sang neuf venu du Proche-Orient

Après son arrivée en Europe vers –40000, Homo sapiens occupe le territoire et survit vaillamment à plusieurs glaciations. Est-il rejoint par d’autres groupes venus d’ailleurs? La question est restée longtemps insoluble. En mai 2016, des savants ont étudié 51 génomes issus de différents fossiles européens de cette époque. Ils ont découvert qu’entre –40000 et – 14000 tous les Européens descendent d’une seule et même population fondatrice. Pour parvenir à ce résultat, il leur a fallu quelques déductions. Les scientifiques savent que les humains qui vivent isolés dans une région se reproduisent entre eux, et donc partagent les mêmes gènes. L’évolution de leur génome est lente. A l’inverse, si un autre groupe les rejoint, l’ADN des membres se modifie progressivement. C’est ce qui semble s’être passé vers – 14000, quand de nouveaux gènes « arrivent » en Europe, probablement du Proche-Orient. Conclusion? Le premier groupe de Sapiens « français » est resté isolé pendant tout ce temps.

Le mot Cro-Magnon

En 1868, lors de la construction d’une route en Dordogne, des ouvriers prélèvent des pierres dans la grotte de Cro-Magnon. C’est là qu’ils découvrent les restes de trois hommes, une femme et un enfant. Les préhistoriens du XIXesiècle les désigneront comme la « race de Cro-Magnon ». On sait aujourd’hui que les restes, datés de – 27000, étaient ceux de notre ancêtre direct, l’homme moderne, seule branche survivante de l’arbre généalogique des homininés.

Thibault Panis

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